Entretien avec Madame Ahouandjinou Philomène, mareyeuse de renom, commerçante des produits halieutiques, actrice du développement de la filière pêche au Bénin, femme modèle et leader, présidente du COMATRAC.
Qu’entendez-vous par COMATRAC ?
COMATRAC sous-entend Coopérative des Mareyeuses et Transformatrices de crevettes de la commune de Sô-AVA.
Quelles est l’importance de la filière pêche dans la commune de Sô-AVA?
Située dans le département de l’Atlantique, la commune de Sô-Ava est traversée par la rivière Sô, d’une longueur de 84,4 km. La commune de Sô-Ava se caractérise donc par sa richesse en plans d’eau d’où son appellation de commune lacustre. Ainsi comme toute commune lacustre la principale activité économique pratiquée ici est la pêche. Subdivisée en 42 villages répartis dans 8 arrondissements ( Sô –Ava ; So-tchanhoué ; Vekky ; Houédo-Aguékon ; Dékanmè ; Ganvié1 ; Ganvié2 et Ahomey-lokpo), toute la commune a pour activité principale la pêche.
Vous êtes fondatrice et présidente du COMATRAC depuis le 20 Janvier 2012. Dites-nous comment est née l’idée de coopérative et quels sont vos objectifs ?
Malgré le nombre important de femmes exerçant dans la filière pêche dans la commune, nous n’étions pas auparavant représenter dans les instances de décisions concernant la filière. Nous étions marginalisées. Nos doléances et recommandations pour le développement de la filière n’étaient pas prises en compte. L’idée de coopérative est donc née d’un besoin des femmes mareyeuses de la commune de participer aux prises de décision, de contribuer au développement de la filière pêche et d’améliorer nos conditions de vie.
De 2012 à nos jours, quelles sont les réalisations de votre coopérative ?
Depuis sa création, le COMATRAC a mener beaucoup de lutte et grâce à notre déterminisme et notre dynamisme, nous avons pu opérer beaucoup de changement dans la filière pêche et dans notre commune. Entre autre, nous avons :
- Réussir à faire entendre notre voix et nous participons désormais aux réunions et prises de décisions. Contrairement à avant, nous sommes maintenant impliquées dans les programmes de développement de la filière halieutique au Bénin ;
- Réussir à interdire la pêche en période d’alevinage ;
- Réussir à interdire l’utilisation des engins inappropriés à la pêche ;
- Réussir à interdire l’usage des filet à maille fins et des filets prohibés pour la pêche ;
- Aussi nous Contribuons activement à la lutte contre la pollution de nos plans d’eau. De bons comportements sont maintenant adoptés pour le bien être de notre communauté, la protection de l’environnement et sa durabilité.
En dehors de vos cotisations à l’interne, votre coopérative a-t-elle des appuis externe ?
Nous n’avons pas des accompagnateurs financiers officielles. Néanmoins, nous avons bénéficié du projet PADPPA (Projet d’appui au développement de la pêche artisanale) qui nous a fait don de barques motorisés, des glacières et d’autres équipements de pêche.
A votre avis que faut-il faire pour booster le développement des filières halieutiques au Bénin ?
Pour le développement des filières halieutiques au Bénin, il est nécessaire de :
- Installer des usines de transformation accréditées et bien équipées. Je trouve très anormale le fait que malgré l’abondance des produits halieutique, nous n’avons même pas une seule usine.
- Installation d’une usine de transformation et d’exportation continue. Je profite pour souligner que la filière crevette par exemple peut générer beaucoup d’emploi si elle est orientée vers l’exportation. Ceci permettra non seulement le développement de la filière mais aussi la réduction du chômage qui sévissent actuellement nos jeunes compatriotes.
Avez-vous un mot à l’endroit des femmes qui ont peur d’exprimer leur leadership et de prendre des initiatives comme vous ?
Je leur lance aujourd’hui un appel, celui de la détermination et du bravoure . Si elles rêvent d’un lendemain meilleur, de la sécurité alimentaire de leur communauté, de la réduction de la pauvreté et du développement de leur pays, elles doivent laisser tomber ce sentiment d’infériorité, de peur et exprimer leur leadership. Le développement, c’est l’affaire de tous (hommes et femmes).
Post très intéressant Marthe! Merci pour le partage, et bon vent à COMATRAC !