Archives de Tag: Mini-rizerie de Glazoué; Riz FEMI; Filière riz au Bénin; crise économiques et fermeture des mini-rizeries; subventions aux producteurs de riz; Riziculteurs.

Filière riz au Bénin : SOS, l’Etat doit venir au secours des mini-rizeries

Pendant plusieurs années, le Bénin a disposé de deux rizeries : l’une installée à Malanville (dans le Nord du pays) et l’autre à Glazoué (dans le centre du pays). Ce nombre infirme de rizeries ne permet pas l’accès du riz « made in Benin » à toute la population béninoise. D’où l’avènement du PDRN (Projet de diffusion du riz Nérica) avec la création de cinq mini-rizeries dans les communes de Tanguiéta, Materi, Cobli, Glazoué, Dassa.  Bientôt 2ans d’existence du PDRN, le bilan n’est pas positif. Nous constatons que 4 des mini-rizeries ne fonctionnent plus. Nous avons pu obtenu un entretien avec Madame GBEGLO Fidèle, responsable de la mini-rizerie de Glazoué, la seule mini-rizerie  actuellement fonctionnelle.

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Entant que responsable de la mini-rizerie de Glazoué, expliquez nous brièvement le fonctionnement de l’usine et votre rôle ?

Depuis la création de la mini-rizerie, j’assure son fonctionnement avec une équipe composée d’une quinzaine de femmes que je dirige. La gestion de l’usine étant automne, toute la chaine de transformation se fait sur le site ici. Après  l’achat du riz paddy chez les riziculteurs,  le riz paddy est réceptionné sur le site. Ensuite toute la chaine de transformation du riz paddy est effectuée à la mini-rizerie ici. Nous disposons d’un machine de pré-nettoyage, de nettoyage pour la séparation des déchets ; d’un épierreur, d’une décortiqueuse, d’une table densimétrique pour la séparation du riz décortiqué du riz non décortiqué ; d’un blanchisseur du riz, d’un calibreur pour la séparation du riz entier du riz cassé, d’un polisseur pour rendre le riz lisse et d’une ensacheuse pour l’emballage du riz. Je rappelle que nous ne disposons pas ici d’une trieuse chromatique donc le tri se fait ici à la main par les femmes afin de séparer le riz hors norme du riz entier. Nous faisons un travail très passionnant ici et nous mettons sur le marché un riz local « made in Benin ». La quantité de riz produite en temps normale à la mini-rizerie de Glazoué ici est de 20Tonnes par jour. La mini-rizerie dispose d’une boutique sur le site, les ventes se font donc sur place.

Qu’est ce qui fait la spécificité de la mini-rizerie de Glazoué ?

La mini-rizerie de Glazoué est spécialisée dans la production du riz FEMI , un riz propre à la mini-rizerie de Glazoué. Le riz FEMI est un riz blanc, long grain, entier, très propre, lisse et bien ensaché sous le respect strict des normes hygiéniques en matière de transformation agro-alimentaire.

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Cinq mini-rizeries au départ sur le plan national, nous nous retrouvons aujourd’hui uniquement à la mini-rizerie de Glazoué pour tout le Bénin, mise à part les deux rizeries Etatique, qu’est ce qui explique selon vous, la fermeture des autres mini-rizeries ?

Beaucoup de crises ont secoués de manières successives les mini-rizeries. Nous rencontrons beaucoup de difficultés. A la mini-rizerie de Glazoué, nous essayons de résister grâce  au dynamisme et à l’engagement des femmes travailleuses de l’usine mais malgré nos efforts et notre volonté,  l’horizon parait de plus en plus sombre pour nous.  La preuve est que depuis le mois de Janvier, nous n’avons plus produire

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Quels sont les difficultés que vous rencontrez ?

Nous pouvons résumer nos difficultés en trois points :
–    L’absence d’électricité sur le site : cette absence d’électricité sur le site nous oblige à utiliser le gazoil pour faire tourner l’usine, ce qui rend le coût de production élevé.
–    La cherté du riz paddy due au non subvention des producteurs de riz par l’Etat. Le riz paddy est passé de 100FCFA à 170FCFA en quelques mois. Et je rappelle qu’il faut 3kg de riz paddy propre sans déchet pour produire 1kg de riz fini. Ceci entraine une élévation du coût de la production et un problème de rentabilité économique pour la mini-rizerie.
–    La présence sur le marché du riz paddy de mauvaise qualité due à l’absence d’encadrement  techniques et formation des producteurs de riz. Avec le riz paddy de mauvaise qualité, nous obtenons plus de 50% de riz hors normes impropre à la consommation  et de riz cassé au détriment du riz entier. Ainsi nous sommes confrontés à un problème de rendement et de rentabilité économique.
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Quelles mesures prenez-vous pour contrôler ces difficultés ?

Pour éviter les rendements faibles, nous essayons à notre niveau à l’usine de contrôler la qualité du riz paddy. Nous contrôlons par exemple le  taux d’humidité du riz paddy afin de réduire le taux de cassure du riz lors du décorticage . Pour les riz paddy humide, nous procédons au séchage solaire avant le passage du riz paddy à l’usine.

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On raconte que les béninois n’aiment pas consommer local, quel est l’état du marché au niveau de la mini-rizerie de Glazoué ?

Les béninois aiment bien sûr consommer local. La mévente des produits locaux enregistrés au Bénin est due très souvent aux coûts élevés des produits locaux. Il ya un problème d’accès financiers qui se pose. N’oublions pas que la population est majoritairement pauvre donc si le produit local est cher, la population est obligée de se tourner malgré elle vers les produits importés moins coûteux. Il est donc important de réduire les coûts de production afin de rendre les produits locaux accessible à tout le monde. Quant au riz FEMI , il est bien vendu mais nous pourrions enregistrer beaucoup de vente si nous réduisons nos prix de vente, ce que nous n’arrivons pas encore à faire à cause des coûts de production élevés.

Quelles solutions préconisez-vous pour la bonne marche des mini-rizeries ?

L’Etat doit initier un programme de formation, d’encadrement technique et d’appui financier à l’endroit des riziculteurs. Subventionnés les producteurs de riz, les aidés à installer des barrages, des motopompes afin d’irriguer leur surface rizicole en toute saison de l’année et d’avoir une bonne production. Ceci permettrait la disponibilité du riz paddy de bonne qualité, à moindre coûts et accessible à toutes les mini-rizeries. Je pense que l’appui et les subventions doivent aller à la base, à l’endroit des producteurs du riz. C’est mieux que cette politique de l’Etat qui consiste à subventionner les sacs de riz issus des deux rizeries Etatiques au niveau de l’ONASA (Office National de la  Sécurité Alimentaires). L’Etat doit comprendre que toute la population béninoise n’a pas accès au riz subventionné de l’ONASA, et l’appuis aux producteurs de riz permettrait aux mini-rizeries de continuer à fonctionner, ceci dans l’avantage de tout le monde.

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